Karaté aux Jeux olympiques : pourquoi a-t-il été retiré ?

La liste des disciplines olympiques ne connaît aucune stabilité. Pour Paris 2024, quatre nouveaux sports s’invitent à la fête : breaking, skateboard, escalade et surf. Pourtant, le karaté, qui avait enfin franchi les portes des Jeux à Tokyo en 2021 après des années de combats en coulisses, se retrouve écarté. Le lobbying intense de ses instances n’aura pas suffi.

Le choix des sports présents aux Jeux olympiques s’appuie sur des critères que le Comité international olympique revoit sans cesse : audience mondiale, résonance auprès de la jeunesse, innovation, et capacité à fédérer. Certaines fédérations patientent, d’autres tremblent, voyant leur discipline remise en jeu à chaque édition. Rien n’est jamais acquis.

Quels nouveaux sports font leur entrée aux Jeux olympiques de Paris 2024 ?

Paris 2024 bouscule la tradition en mettant en avant quatre disciplines qui incarnent parfaitement l’air du temps. Ces sports, qualifiés d’additionnels, révèlent la volonté du CIO de dépoussiérer l’image des Jeux et de capter un public jeune, friand de nouveautés et d’expériences partagées en ligne.

Le breaking débarque, porté par ses figures acrobatiques et son énergie urbaine. Ce sport, issu des rues, trouve une audience fidèle sur les réseaux et attire une génération connectée. Le skateboard, déjà remarqué à Tokyo, revient à Paris avec sa créativité et son esprit rebelle, bousculant les codes établis du sport olympique. Les épreuves promettent des moments imprévisibles, où l’audace et la maîtrise se mêlent à une atmosphère électrique.

Le surf, jugé à Tahiti, propose une aventure loin du tumulte parisien et donne une dimension planétaire à l’événement. Quant à l’escalade, son essor rapide et son exigence physique en font l’une des disciplines les plus captivantes du programme. Sur les murs, chaque mouvement devient un spectacle, fascinant autant les amateurs que les néophytes.

Voici en détail ce que chaque nouveau sport apporte :

  • breaking : explosion de culture urbaine, créativité sans limite
  • skateboard : jeunesse, esprit libre, attrait massif sur les réseaux
  • surf : dépaysement, communion avec la nature, images virales assurées
  • escalade : agilité, vitesse, suspense et spectacle à chaque ascension

Ce virage en faveur des sports urbains vise clairement à renforcer l’attrait des Jeux auprès des jeunes générations. Le spectacle, l’adrénaline et la visibilité instantanée sur les plateformes sociales deviennent des critères majeurs pour choisir les disciplines à mettre en avant.

Le karaté aux Jeux olympiques : un parcours bref mais marquant

Le karaté n’aura eu qu’un rendez-vous avec l’olympisme, mais quel rendez-vous. Tokyo 2020, une édition singulière, marquée par l’absence de public, a offert à la discipline une reconnaissance attendue par des générations d’athlètes. Après des décennies de batailles institutionnelles, la consécration est arrivée. Pour la France, ce moment a pris le visage de Steven Da Costa, devenu champion olympique et porte-drapeau d’une discipline tout entière.

Le parcours du Français a marqué les esprits, bien au-delà de l’Hexagone. Sa médaille d’or, acquise avec une précision clinique et une détermination sans faille, a offert au karaté une visibilité inédite. Pour la discipline, ce baptême olympique a eu valeur de sommet, un point d’orgue autant qu’un goût d’inachevé.

Originaire d’Okinawa, le karaté a conquis des millions de pratiquants dans le monde. À Tokyo, il a enfin trouvé une place sur la scène olympique. Mais ses partisans espéraient plus : une installation durable au programme. La page s’est tournée après une seule édition, laissant aux passionnés le souvenir de combats intenses et d’exploits mémorables.

Pourquoi le karaté n’a-t-il pas été retenu pour Paris 2024 ?

La question reste vive pour tous ceux qui suivent le karaté de près. Pourquoi la discipline n’a-t-elle pas été reconduite à Paris ? Au centre du processus de sélection, le comité d’organisation piloté par Tony Estanguet, épaulé par le CIO, a privilégié des choix stratégiques. L’objectif : séduire la jeunesse mondiale et maximiser la portée sur les réseaux sociaux, là où le karaté ne parvient pas à rivaliser avec des sports plus visuels ou spectaculaires.

Les organisateurs ont donc retenu quatre disciplines additionnelles, toutes portées par une forte identité urbaine ou un potentiel de viralité. Le breakdance, l’escalade, le skateboard et le surf cochaient toutes les cases : pratique ancrée dans la rue, audience jeune, visibilité numérique. Le karaté, malgré sa diffusion planétaire, n’a pas trouvé sa place dans ce nouveau paysage.

Pour illustrer les critères qui ont fait pencher la balance, voici les arguments qui ont joué en faveur des nouvelles disciplines retenues :

  • Breakdance : univers urbain, viralité garantie
  • Escalade : adrénaline, dynamisme visuel
  • Skateboard : popularité auprès des jeunes, diffusion massive sur les réseaux
  • Surf : exotisme, symbole de liberté et de jeunesse

En choisissant ces nouveaux sports, le COJO et le CIO ont voulu offrir une vision renouvelée des Jeux. Le karaté, malgré son histoire et ses valeurs, n’a pas pesé face à l’argument de la modernité et de l’impact digital. Pour Steven Da Costa et toute la communauté, le coup est rude : pas de doublé parisien pour le champion, pas de revanche sur les tatamis olympiques.

Deux hommes de karaté devant un mur en briques avec affiche olympique

Entre passion et débats : le karaté face aux choix olympiques

La Fédération française de karaté n’a pas renoncé à défendre sa place. Francis Didier, son président, multiplie les prises de parole pour rappeler que le karaté porte des valeurs de rigueur et de respect, en phase avec l’idéal olympique. Mais la dynamique actuelle favorise clairement d’autres codes. Le COJO cible une jeunesse tournée vers les sports qui font le buzz et engrangent des millions de vues. Les chiffres, eux, dictent leur loi.

La mobilisation ne faiblit pas. Plus de 75 000 signatures ont été réunies pour réclamer le retour du karaté aux Jeux, relayées par les clubs et les pratiquants. Olivier Beaudry, figure du karaté tricolore, déplore une occasion manquée pour l’olympisme de rester fidèle à ses principes fondateurs. Pourtant, la mobilisation ne pèse pas face aux logiques d’audience et d’image imposées par le CIO.

La déception est immense chez les champions. Steven Da Costa, auréolé de son titre à Tokyo, a vu son ambition d’un doublé olympique s’envoler. Les réseaux sociaux s’animent, la communauté ne désarme pas, mais la décision reste ferme. Le CIO préfère miser sur la nouveauté, quitte à bousculer l’histoire.

Dans les locaux de la Fédération, l’espoir renaît déjà : cap sur Brisbane 2032. Le débat reste ouvert, entre ceux qui veulent faire souffler un vent neuf sur les Jeux et ceux qui défendent la force des traditions. La passion du karaté, elle, ne faiblit pas, prête à bondir dès que l’occasion se représentera.

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